Donc. Il est temps de parler de ce sujet auquel vous vous attendiez sûrement que j’en ferai un article, sinon ça aurait été un peu bizarre. Car oui, un film de Dolan, c’est déjà un truc, mais alors que ce soit en plus une adaptation de pièce de théâtre, ET, qui plus est de Lagarce, un petit gars sympatoche et décédé que j’aime plutôt énormément, je me DEVAIS d’en faire une critique. Et ce, malgré le casting.
So, pour vous, une critique de Juste la fin du monde de Xavier Dolan
J’ai appris la sortie de ce film il y a quelques mois déjà, lors d’un cours sur Juste la fin du monde, la pièce, de Jean-Luc. Lagarce. Je pianotais sur Facebook pour envoyer le cours à une amie via Messenger, et là que vois-je, une page en suggestion disant Juste la Fin du Monde – Xavier Dolan. Intriguée, principalement par la coïncidence de voir cet intitulé sur Facebook au moment où j’avais un cours sur la pièce du même nom, je clique. Et je tombe sur la page Facebook du film, et, inévitablement, sur le casting. Qui ne m’attise guère au premier abord. Résumons. Côté messieurs : Gaspard Ulliel pour le rôle de Louis, ma condition de jeune femme fangirlisant sur les beaux bruns ténébreux n’y voit pas d’inconvénient si vous voyez ce que je veux dire, et Vincent Cassel pour Antoine. Nickel, j’aime cet homme. Oui, Vincent Cassel est un acteur que j’apprécie énormément, que ça vous plaise ou non. Mais, comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, ne jurez pas Marie-Thérèse, c’est là que ça se corse. Les demoiselles : Léa Seydouloureux en Suzanne, Marion Cotillon en Catherine et Nathalie Baye-Bye pour la mère. Arg.
Mais avant tout, replaçons le contexte. Juste la Fin du monde, c’est l’histoire de Louis, un écrivain qui retourne dans sa famille (composée d’Antoine, son frère avec qui il est en conflit, Catherine, la femme de son frère qu’il n’a jamais vue, sa mère et Suzanne, sa soeur qu’il n’a quasiment pas connue) après 12 ans d’absence, pour leur annoncer sa mort imminente. (Ceci n’est pas un spoil c’est dit dans la première minute du film.)
Alors maintenant, qu’est ce que j’en ai pensé… C’est un film incroyable. Vraiment. C’est l’un des meilleurs films que j’ai vus récemment. Xavier Dolan est un p*tain de génie. Il a le melon, mais il sait faire des films. Déjà, faire du théâtre au cinéma est un pari très risqué. Les deux arts n’ont pas tant que ça en commun et sont très différents. Mais ce fifou de Xavier, tout en restant le plus fidèle au texte original, a réussi à nous pondre l’une des meilleures adaptations de l’histoire du cinéma.
J’aime énormément la pièce. Je crois que j’aime encore plus le film.
La charge émotionnelle de ce (chef-d’)oeuvre est telle que j’ai dû pleurer de joie, d’émotion, de tristesse, de colère et de toutes autres larmes possible pendant 70% du film. Les plans sont formidables, le montage est formidable, la bande-son est formidable. Oui tiens, la bande-son. Xavier Dolan est ce genre de réalisateur qui arrive à nous émouvoir sur des musiques auxquelles on aurait jamais pu penser. C’était le cas avec Céline Dion dans Mommy, c’est à nouveau le cas dans Juste la fin du monde, je ne dis pas le titre de la musique si vous voyez le film (faites-le) vous saurez immédiatement de quelle scène je veux parler. C’est celle qui m’a le plus plu de toute l’oeuvre.
Dolan a cette manière de filmer qui fait que que chaque plan est presque un tableau. On entre dans l’intime des personnages avec de très gros plans sur leurs visages ou sur leurs mains, et on se retrouve un peu comme un voyeur qui aurait encore plus pénétré l’intime que dans un cadrage « banal ». Et c’est là que l’adaptation cinématographique est formidable par rapport à la pièce de théâtre : au théâtre, le spectateur plonge déjà dans l’intime des personnage puisqu’il voit le décor de la maison, entend les paroles de chacun, (dans cette pièce particulièrement) il entend les pensées profondes des personnages grâce aux monologues (le Prologue de la pièce par exemple), mais il n’est jamais aussi près de l’intime que dans l’adaptation de Dolan car, quelque soit l’endroit où il est placé dans la salle de théâtre, il ne verra jamais de gros plan. Voilà pourquoi Dolan est si talentueux. Il n’a pas juste adapté la pièce, il en a fait quelque chose de nouveau.
Une certaine interrogation est montée aux oreilles des spectateurs : Où se passe l’action ? France ? Québec ? USA ? Autre part ? J’ai envie de dire… et si on s’en foutait ? Le film commence par les mots « Quelque part, il y a quelque temps déjà. » Et, comme au théâtre, c’est déjà suffisant. Ça peut se passer n’importe où, n’importe quand, à n’importe quel moment. Et ce n’est pas ça l’important. Ce n’est pas le « où » l’important. Ni le « quand ». Ni le « pourquoi ». C’est le « comment ». Voilà pourquoi je pense qu’il est inutile de tergiverser autour de questions qui n’ont pas vraiment lieu d’être. Ce qui est intéressant, c’est justement l’universalité de cette histoire.
Bon. Nous avons parlé du cadre, de la musique, des émotions, du lieu, de la pièce, qu’en est-il des acteurs ?
Eh bien mes amis… Ils sont géniaux. Tous. Nathalie Baye étant peut-être un poil en dessous des autres mais c’est vraiiiiment pour chipoter. Léa Seydoux (je l’aime pas MAIS) est très émouvante en Suzanne. Seule déception, son monologue sur le lit (adapté pour la version ciné) que je connais par coeur, que j’aime comme pas possible et que j’ai trouvé trop récité lors de cette scène alors qu’elle est très juste et vraiment émouvante tout le reste du temps. Gaspard Ulliel a cette douceur et cette mélancolie (et cette voix rocailleuse) qui colle parfaitement à Louis, (la bonne petite victime mouahahah), Vincent Cassel est incroyable, cinglant, sarcastique, insupportable, violent, et émouvant comme c’est pas permis. Mais celle qui m’a le plus impressionnée, alors que c’est une actrice qui ne me plaît vraiment pas plus que ça, c’est Marion Cotillard. Elle m’énerve dans beaucoup de films et quasiment à chaque fois dans la vraie vie, mais alors dans ce film, chapeau bas Madame. Mon Dieu que ça fait du bien de la voir dans un rôle pareil… Elle est extraordinaire en Catherine. Ce qu’elle a fait du personnage est… magnifique. Et ELLE est magnifique! Son regard est magnifique, ces gestes sont magnifiques, ces mots sont magnifiques. Bravo. Tout simplement bravo.
Cette critique, je crois, touche à sa fin. Comment résumer vite fait ce film? C’est vraiment très bien, arrêtez d’hésiter, n’écoutez pas les haters (ni les fanatiques qui n’argumenteront pas, je ne suis pas une fanatique de Dolan.), ne vous posez plus de questions, et allez y. Ce film est bien écrit, joué, réalisé et mis en scène. Peut-importe la signature.
Ce n’est pas la fin du monde. Juste un très bon film.
Ma note : 9,75/10. (Les 0,25 c’est parce que Léa Seydoux elle a gâché le monologue OwO)
Je vous laisse avec la bande-annonce car c’est la norme mais si j’étais vous je ne la regarderai même pas, parce que c’est mieux de découvrir les plans en vrai. Mais même la bande annonce elle est bien alors pour une fois je vous autorise.
Oh et je vous laisse aussi avec ça. C’est le titre de l’article (ça veut dire : « La maison (dans le sens « chez-soi ») c’est là où ça fait mal. ») , et une chanson utilisée dans la BO du film. Home de Camille.
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